Depuis longtemps déjà j'avais en moi le désir d'écrire cette histoire. Peu à peu le désir est devenu un besoin et c'est en 2009 que j'ai commencé à le concrétiser.
C'est à ce moment-là que suite à mes investigations j'ai décidé de remonter le temps , de partir à la recherche de mes racines. Pour l'Histoire , pour la Mémoire , pour rendre hommage à tous ceux qui ont vécu une vie terrible , victime de la folie des hommes , qui ont tout perdu , qui se sont battus et qui ont survécu dans des circonstances dramatiques pour que nous puissions vivre aujourd'hui une vie décente.
Je voudrais parler de mes grands-parents maternels : Faustino (issu de José et Jésusa ) né le 2 décembre 1901 à Tuilla (Asturies ) mon grand-père et Consuelo (issue de Ramon et Atanasia ) née le 6 juin 1909 à Hévia (Asturies ) ma grand-mère.
Je voudrais parler pour Ramon , mon arrière-grand-père , né le 9 avril 1875 à Tiñana ( Asturies ) , que je n'ai pas connu mais que j'ai découvert à travers ma quête .
Lors de mes recherches j'ai découvert qu'il existe à Tiñana une cidrerie qui porte le nom de la mère de Ramon : Fanjul .
Je ne sais pas si nous avons des ancêtres communs , mais cela est du domaine du possible ! Lors de notre voyage aux Asturies en Octobre 2011 , nous nous sommes rendus là-bas , dans ce village où sont nés mes arrière-grand-parents . Ce fut une grande émotion , même si sans aucun doute les lieux ont bien changé depuis et s'il s'avère qu'ils n'y ont sans doute pas vécu très longtemps .
Ramon était un catholique convaincu , qui a vécu sa foi ( jusqu'au bout ? nous ne le saurons jamais !) . Qui n'a pas dû comprendre (j'aime en tout cas à croire !) ce qui lui arrivait , lui qui n'avait jamais fait de mal à personne, qui ne se mêlait pas de politique. Travailleur et honnête , c'est ainsi qu'on me l'a décrit . Père d'une famille nombreuse de quatorze enfants , dont treize arrivés à l'âge adulte, il était aiguilleur de trains . En plus de son emploi ,il fabriquait ces sabots très particuliers et typiques des Asturies : "las madreñas ".
Il réparait aussi les parapluies : ses journées étaient donc bien remplies ; il faut dire qu'avec une famille aussi nombreuse il n'avait sans doute pas le temps de musarder ! De plus pour sa sagesse et son sens de la justice on faisait appel à lui pour régler les différends entre voisins et gens du pays.
Toutes ses qualités , sa droiture et sa pratique de la religion n'ont pas empêché qu'il soit déporté le 20 Août 1940 d'Angoulême par le premier convoi de républicains espagnols (le convoi des 927 ) à Mauthausen puis transféré le 24 Janvier 1941 au camp annexe de Gusen où il n'a vécu que quelques mois , brisé par l'horreur et la cruauté sans fin de ses tortionnaires. Il est mort gazé , après neuf mois de tortures , de privations et d'infinies souffrances le 12 mai 1941 !
Que l'honneur lui soit rendu et qu'on se souvienne de lui !
Je voudrais parler pour mon arrière-grand-mère , Atanasia , déracinée , exilée, déportée elle aussi par le convoi des 927 puis renvoyée dans l'Espagne de Franco , coupée de sa famille dont elle ne reverra jamais la majeure partie . Après la fuite à travers les Pyrénées , en plein hiver , à pied dans la neige , elle s'est trouvée séparée de ma mère et de ma grand-mère qu'elle ne retrouvera jamais et elle a vécu un autre enfer dansc cette Espagne où après 18 longs jours enfermée dans un wagon à bestiaux , sans quasiment rien à boire ni à manger, les autorités françasises l'ont renvoyée pour être livrée à ses bourreaux. Ce pays qui était le sien , qu'elle avait dû abandonner parce que ses enfants ne voulaient pas vivre sous le joug des fascistes qui avaianet assassiné la jeune République et où elle fut assignée à résidence quelque temps avant de pouvoir rejoindre ceux qui restaient des siens. Je ne l'ai pas connue non plus mais je sais qu'elle a souffert dans sa chair et dans son âme . On lu a pris plusieurs de ses enfants certains à peine sortis de l'adolescence , on lui a pris son mari et on lui a pris son honneur !
Qu'on lui rende aussi hommage et qu'on se souvienne d'elle !
Et aussi à tous les autres que je ne peux pas citer , tous ceux qui y ont laissé leur vie , leur joie de vivre , leur fierté . Qu'on leur rende hommage ! Et que jamais on ne les oublie . Que jamais on n'oublie cette famille décimée , écartelée , dispersée , cette famille qui est la mienne !
Et je n'oublierai pas les parents de mon grand-père . Eux n'ont pas v"cu l'exil , mais ils ont beaucoup souffer aussi. Leur plus jeun e fils tué lors de la Révolte de 1934 pendant laquelle les mineurs ont tenté de défendre la République qui était sortie des urnes et que des tyrans ont étouffée sans aucune pitié ! Il n'avait que 19 ans ! Un autre fils , mon grand-père , exilé à jamais et qu'ils ne reverront plus ! Et l'emprisonnement , les tortures infligées pour leur faire dire où était leur fils , alors qu'ils n'en savaient rien , qu'ils étaient sans aucune nouvelle de lui et de sa famille !
Mon arrière-grand-ère était infirme , cloué sur un fauteuil roulant et cela n'a pas empêché les franquistes de lui réserver , à lui aussi et à slon épouse, un sort infâme et des plus cruels !
J'ai décidé , il y a quelques temps de partir à la recherche de tout ce qui pourrait me faire comprendre pourquoi . Pourquoi des hommes se sont acharnés sur d'autres hommes ? Pour quel pouvoir ? pour quel bénéfice ? Croyaient-ils se battre pour leurs idées , pour défendre un idéal ? Etaient-ils à ce point intolérants qu'ils étaient certains de détenir la vérité et d'avoir le droit d'exterminer tous ceux qui ne pensaient pas comme eux ? Mais pourquoi tant de cruauté , de barbarie ? Pourquoi tant de haine , tant d'acharnement à détruire , à briser , à humilier et à faire souffrir ? Vaincre ne leur suffisait-il pas ? Leur fallait-il plus et pourquoi ? Etaient-ils des fous sanguinaires qui assouvaient ainsi leurs pulsions meurtirères ? Comprendrons-nous un jour pourquoi ? Comprendrons - nous un jour ce qui pouvait bien justifier tant de malheur ?
Je pense que je ne le saurai jamais , que je ne le comprendrai jamais ! Mais je veux me souvenir. Pendant si longtemps tout le monde s'est tu , personne n'osait, ne voulait ou ne pouvait pas parler de tout cela . Maintenant , enfin , les langues se délient , des gens cherchent à savoir . Beaucoup de ceux qui ont vécu ces années de malheur et qui ont survécu ont du mal à évoquer leurs pires cauchemars et je le comprends ! Ils veulent vivre un peu en paix , mais lepeuvent-ils vraiment ? Sans doute aussi voulaient-ils nous épargner , ne pas partager avec nous , pour nous protéger, les horreurs qu'ils avaient vécues .
C'est à nous , sans doute , nous qui avons un peu de distance, de recul , de ranimer l'histoire. Non par esprit revanchard, mais pour que l'on sache ! Que l'on sache ce qu'ils ont vécu , comment ils ont survécu ou coment ils sont morts et pourquoi . Pour que nous puissions , nous leurs enfants et leurs petits-enfants et tous ceux qui viendront après nous , avoir une vie décente , une vie meilleure en tout cas que la leur .
Pour que nous puissions faire le deuil de tous nos parents disparus trop tôt , que nous n'avons pas connuet que seules quelques photos nous permezttent de connaitre un peu .
C'est pour eux que je veux parler aujourd'hui, parce que dans ma famille il ne reste plus grand monde pour témoigner si ce n'est ma mre qui était enfant à cette époque .C'est aussi pour elle que je veux savoir , que je veux raconter et avec son aide, avec ses souvenirs .
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Mes grands-parents se sont mariés le 31 0ctobre 1930 , dans l'église de Valdesoto , une petite commune rurale des Asturies.
Ils n'étaient pas croyants , mais à cette époque le mariage civil n'existait pas , la religion étant partie intégrante du pouvoir en place . Mon grand-père , faisant contre mauvaise figure bon coeur , avait exigé d'être uni sans confession préalable refusant une concession supplémentaire à cette religion qu'il rejetait . Ainsi en fut-il donc fait ! Il faut dire qu'il avait une expérience d'enfant de choeur (passage obligatoire à cette époque pour tous les jeunes garçons) qui ne lui avait pas laissé que de bons souvenirs ! Il nous racontait souvent une anecdote qui justifiait à ses yeux toute la méfiance que lui inspirait le clergé. Un jour qu'il avait dû être un peu turbulent , le curé en charge de sa paroisse l'avait giflé se croyant seul avec lui . Voyant arriver du monde il s'était alors tourné vers lui et d'une voix mielleuse lui avait demandé :"Qu'est-ce qui t'arrive mon petit Faustino ? Pourquoi pleures-tu ? " Le comble de l'hypocrisie pour l'enfant qu'il était alors et qui avait ancré en lui une aversion pour ce genre de personnage !
Mon grand-père était mineur puis devint correspondant pour un journal républicain , l'Avance (quotidien du parti socialiste) , pendant 4 ans du 1er Juillet 1932 au 20 juillet 1936. Ma grand-mère était caissière dans une pharmacie . S'ils ne roulaient sans doute pas sur l'or , leur vie s'annonçait plutôt bien . Leur situation leur permettait de vivre correctement et d'envisager l'avenir sous un bon jour . D'idées progressistes dans une Espagne royaliste , ils se sont logiquement engagés auprès des républicains quand , le 14 avril 1931 ils gagnent les élections . La II ème République Espagnole , issue des urnes , est proclamée sans effusion de sang . Le roi Alphonse XIII abandonne le pouvoir et s'exile sans toutefois abdiquer .
Le 18 juillet 1936 , c'est le coup d'Etat fomenté entre autres, par le très tristement célèbre Général Franco qui répudie ni plus ni moins le gouvernement et sans légitimité aucune proclame l'état de guerre !
Commencent alors des années de folie meurtrière , de malheur pour de très nombreuses familles qui se voir décimées, de souffrance et de terreur pour ceux qui voulaient défendre leurs idées et leur désir d'une vie plus juste et plus belle ! Deux "Espagnes" , deux ar
mées et au bout du compte le malheur , le désarroi, la souffrance et la mort ! La lutte était inégale entre la toure jeune République à qui on coupaot tous les moyens et l'armée franquiste appuyée par les dictateurs Allemand et Italien !
Une période noire dont l'Espagne peineencore à se défaire , qui a tant marqué les esprits et la vie de tant de monde , qu'encore on a du mal à en parler . Ceux qui l'ont vécue voudraient pouvoir oublier , certains peut-être ont-ils encore peur . Peur que cela revienne et qu'on leur prenne le peu qu'il leur reste : une famille à peine préservée , quelques années à vivre . Mais que peut-il leur rester , à eux qui ont tant donné, à qui on a tant pris ?
Je dois dire qu'à l'heure où j'écris ces lignes , la situation politique an Espagne montre que tout n'est peut-être pas fini , qu'ils avaient peut-être raison d'avoir peur !
Beaucoup , hélas , ne sont plus là pour en parler même s'ils en auraient peut-être eu envie . Alors je pense que c'est à nous , qui n'avons pas vécu tout cela , mais qui en avons entendu parler , c'est à nous de faire la lumière sur toute cette Histoire dont nous ommes les héritiers , cette Histoire qui est celle de mafamille et dont je suis issue . Et j'en suis fière !
Sans eux qui ont combattu beaucoup jusqu'à leur dernier souffle , sans eux qui , pour certains , n'ont peut-être pas compris pourquoi tout cela est arrivé , sans eux je ne serais pas là aujourd'hui ! C'est aussi pour cela que je veux leur rendre hommage !
Mes grands-parents ont eu tout juste letemps de s'installer dans leur nouvelle vie de jeunes mariés.
Ma mère naît quelques mois après l'avènement de la II ème République , le 4 décembre 1939 à Pola de Siero . Elle se plaît à dire qu'elle a le même âge !
Née dans une famille républicaine , non baptisée :c'était déjà une petite révolution dasn cette Espagne restée très traditionnaliste ! Et très vite elle va être confrontée au malheur , à la peur , à la tristesse .
Les trois premières années de la République , les choses ne sont pas simples pour le gouvernement populaire . Faute de moyens les réformes attendues peinent à voir le jour.
On assiste à des avancées dans bien des domaines , notamment l'éducation avec la création de nombreuses écoles laïques . La réforme agraire ne peut malheureusement pas être menée à bien .
En ocotbre 1934 , avec l'annonce de l'entrée au gouvernement de ministres de la CEDA (fondée le 28 février 1933 par Jose Maria GIL RObles et ANgel Herrera Oria ,( La CEDA fut fondée le 28 février 1933 par José María Gil-Robles et Angel Herrera Oria rassemblant plusieurs petits partis de droite ou conservateurs comme Acción Popular et Acción Católica. Clérical et conservateur, elle rassemblait un large éventail du spectre politique de la droite, des chrétiens démocrates aux fascistes en passant par les monarchistes.),c'est l'Insurrection dans les Asturies , avec la Révolte des mineurs et la Commune des Asturies qui ne vivra malheureusement que quelques jours . Ces mineurs qui refusent l'entrée au pouvoir des hommes politiques de droite , qui refusent que soient remis en cause les acquis de la toute jeune République . Ils se battent avec acharnement pour sauver leur République !
Franco , alors chef des Armées , est chargé de réprimer l'insurrection.
Les mienurs révoltés prennent la caserne de la Guardia Civil de Campomanes .Le général Carlos Bosch , mandaté par Franco engage la bataille à La Vega del Rey , près de là et c'est alors que le malheur commence pour cette famille . Constantino , le jeune frère de mon grand-père , à peine âgé de 19 ans perd la vie durant ces combats.
Et ce ne sera que le premier d'une liste bien trop longue pour une seule famille ! De lui ma mère ne se souvient pas , elle n'avait même pas trois ans ! Bien sûr elle en a entendu parler par son père , mais jusqu'à il y a peu de temps nous ne savions pas ce qu'il était exactement advenu de lui . Suite à des recherches effectuées par une cousine auprès des archives de Salamanque par l'intermédiaire de l'Association :" Todos los nombres de Asturias " nous savons maintenant qu'il a été dès l'adolescence engagé pour la Liberté et la République et qu'il l'a payé de sa vie . Vice-président de la jeunesse socialiste de La Moral , il a participé dès le début à la Révolte des Asturies er nous savons que c'est bien là qu'il a été tué , à Campomanes, dans cette bataille de la Vega del Rey , en combattant contre la colonne du général Bosch . Très durement réprimée , la Révolte fit beaucoup de victimes . Constantino fut assassiné dès le début ; le 8 ou le 10 octobre alors qu'il défendait le République en danger !
Je ne veux pas qu'on l'oublie !
Nous savons maintenant qu'il est enterré là-bas , quelque part , dans une fosse commune , mais nous n'avons pas pu , jusqu'à présent , connaître l'endroit précisément . Saurons-nous un jour où exactement ? Les informations que nous avons pu recueillir nous laissent à penser que sans doute il se trouve à présent enseveli à l'endroit où l'on a construit une nouvelle route. Nous espérons pouvoir un jour lui rendre hommage par la pose d'une plaque portant son nom . Les recherches sont toujours en cours , mais il est souvent difficile d'avoir des réponses des autorités , notamment des municipalités , selon la tendance politique dont elles se réclament . Et dans la nouvelle conjecture qui s'installe en Espagne depuis els dernières élections , je crains un peu que cela devienne de plus en plus difficile !
L'espoir de pouvoir aboutir réside dans l'implication des associations pour la Récupération de la Mémoire Historique qui oeuvrent à présent . Elles font un travail considérable , souvent dans des conditions difficiles , et je les en remercie !
Je parlais de la conjecture politique en Espagne :le scrutin des dernières Législatives du 20 novembre 2011 ont redonné la majorité à la droite dure de Mariano Rajoy ! Et ne nous y méprenons pas , la droite en Espagne n'a pas grand chose à voir avec la droite en France , quoique puissent en dire certains ! Il s'agit bien de l'extrème-droite avec tous ses excès ! Et on voit déjà les religieux de tous poils sortir du bois pour imposer leur loi et la réintroduction de la religion à tous les niveaux en commençant par les écoles ! Déçus par la tiédeur des socialistes qui n'ont pas su ou pas voulu apporter à ce pays les véritables changements dont il avait besoin , les électeurs ont cru donner à leur nation une alternative pour sortir de la crise en donnant le pouvoir au " Partido Popular" ! Cette droite , plus que toute autre , n'est pas du côté du peuple , loin s'en faut ! On peut craindre à présent , et plus encore après la condamnation du Juge Baltasar Garzon , que les démarches pour la Mémoire Historique et l'ouverture des fosses communes soient à nouveau en péril ! Il faudra une lutte acharnée pour aboutir ! Le rôle de ces associations sera donc plus que jamais prépondérant ainsi que la pression du peuple et de tous ceux qui sont du côté de la "vraie " justice. Tout cela augure d'un combat plus difficile que jamais que devront mener dans le pays tous les défenseurs de la Liberté , de la Vérité, de la Justice !
Les ouvriers asturiens portent la grève plus loin et font une vraie révolution , appelée "La Commune Asturienne" , déclarant la "République des Ouvirers et Paysans des Asturies" . Isolés , sans moyens face à l'armée qui les combat , ils sont finalement défaits. Franco décide de planifier les opérations militaires comme dans une guerre coliniale , en y envoyant la Légion Etrangère et les troupes arabes du Maroc , réputées pour leur férocité . Il eut besoin de plus de 40 000 hommes (Guardia Civil , Guardia d'Asalto , armée africaine , infanterie et marine ) . La répression fut terrible : 3000 morts , 7000 blessés , 30 000 emprisonnés (beaucoup d'entre eux , pour ne pas dire la totalité , furent aussi torturés), et plusieurs milliers mis au chômage .
Après cet épisode tragique , la lutte se déplace mais ne cesse pas ! Les Républicains n'entendent pas céder et restent mobilisés sur tous les fronts.
En janvier 1936 , à l'initiative de Manuel Azaña , plusieurs organisations de gauche signent , dans la perspectives des prochaines élections, une coalition et un pacte électoral . Le 16 février 1936 le "Frente Popular": socialistes , communistes et autres partis républicains, bat la droite et gagne les élections avec le ralliement de la petite-bourgeoisie et le soutien des anarcho-syndicalistes . Mais la droite ne l'entend pas de cette oreille et décide de se soulever .
Le 18 juillet 1936 éclate ce que l'on a coutume de nommer " La Guerre Civile" et qui est en fait que le prélude à la seconde guerre mondiale . Quoi de plus atroce qu'une guerre fratricide où l'on voit des familleset des amisse déchirer pour des idées et s'entretuer ? Comme la "Maria" de la chanson de Jean Ferrat qui avait deux garçons "l'un était rouge et l'autre blanc" et qui sont morts dans les bras l'un de l'autre parce qu'ils ne pouvaient pas survivre ainsi en se déchirant ! Où l'on voit des gens dénoncer leurs vosiins quelquefois parce qu'ils ne pensent pas comme eux ou tout simplement pour des raisons plus terre à terre ,par vengenace ou pour quelque différend ou encore pour s'approprier leurs biens . C'est ce qui est arrivé à deux oncles de ma mère : Silvino et Manolin qui , à 18 et 23 ans ( alors qu'ils étaient dans la clandestinité et recherchés par les fascistes aux côtés de leurs frères aînes dans la lutte pour la liberté)
, ont été dénoncés par des gens de leur propre village , qui en ont profité pour piller la maison des grands-parents dans laquelle ils s'étaient réfugiés.
Guerre fratiricide , certes . Mais s'il est vrai qu'elle opposait les espagnols entre eux , la droite franquiste était déjà soutenue par les fascistes Mussolini et Hitler !
Comme l'écrivit l'ambassadeur des Etats-Unis en Espagne : " La guerre civile constitua la première étape d'une campagne minutieusement organiséecontre la démocratie européenne, et le début d'une seconde guerre mondiale délibérément préparée " .
L'armée allemande s'est servi du conflit espagnol pour expérimenter et tester les armes et les avions qui lui serviront plus tard contre les Alliés .
Souvenons-nous de Guernica !
26 avril 1937
Guernica ou le massacre des innocents
Le lundi 26 avril 1937, pendant un jour de marché, la petite ville basque de Guernica est bombardée par des avions allemands et italiens.
C'est la première fois dans l'Histoire moderne qu'une population urbaine est sciemment massacrée. Ce massacre a été voulu par Hitler, allié du général Franco dans la guerre civile espagnole, pour terroriser la population civile.
André Larané.
Terrain d'essais militaires
Dès le début de la guerre civile, Hitler a utilisé l'Espagne comme un banc d'essai pour des armes nouvelles et un terrain d'entraînement pour ses aviateurs. En octobre 1936 a été créée une unité aérienne spéciale, la Légion Condor, sous le commandement du général Hugo Speerle. Il est assisté du lieutenant-colonel baron Wolfram von Richthofen, cousin du«Baron rouge», un autre aviateur, héros de la Grande Guerre.
Forte de 6500 hommes, la Légion Condor comprend quatre escadrilles de 12 avions de chasse et de bombardement, trois escadrilles de six avions de reconnaissance, une escadrille de six hydravions et un groupe de 48 blindés. Cette unité offre aux pilotes de guerre allemands des stages d'entraînement intensif en situation de guerre réelle. C'est une manière pour eux de contourner le traité de Versailles de 1919 qui leur interdit de développer leur aviation de guerre.
Lorsque les franquistes dirigent leurs attaques sur le pays basque et les Asturies, au nord-ouest de l'Espagne, la Légion Condor va s'acquérir une sinistre notoriété en bombardant Guernica.
Un symbole des libertés basques
Cette ville était connue pour son chêne sacré au pied duquel se réunissaient depuis le Moyen Âge les représentants du peuple basque.
Tous les deux ans, du règne d'Isabelle de Castille à 1876, les représentants de la couronne espagnole avaient coutume de renouveler à cet endroit leur serment de respecter les libertés basques. Le président de la Deuxième République avait renouvelé la tradition en prêtant serment devant le chêne, le 7 octobre 1936, de respecter la très large autonomie accordée au pays basque par son gouvernement. Ce fait avait sans doute nourri le ressentiment des franquistes à l'égard de la ville.
Mais Guernica était aussi devenue au XXe siècle une cité industrielle de 7.000 âmes, pourvue de plusieurs usines d'armement.
La veille du drame, elle est traversée par les combattants républicains basques, les gudaris. Ils fuient l'avance des franquistes et tentent de gagner Bilbao, au nord, en vue d'y organiser une nouvelle ligne de défense. Le baron von Richthofen propose à ses alliés espagnols de couper la route aux fuyards en détruisant le pont de Rentería, au nord de Guernica. Il n'est pas officiellement question d'attaquer la ville proprement dite.
Une tragique première
Dans les faits, les 33 bombardiers de la Légion Condor emportent dans leurs soutes non seulement des explosifs brisants et des bombes antipersonnelles utiles pour cette mission mais aussi 2500 bombes incendiaires.
Ces ogives bourrées d'aluminium et d'oxyde de fer sont capables d'élever la température environnante à 2700°C. Rien à voir avec la simple destruction d'un pont !
Accompagnés de plusieurs chasseurs et d'avions italiens, les bombardiers attaquent la ville en plusieurs vagues, au moment où se tient le marché, de 16h30 à 18h. Les deux tiers des maisons, la plupart en bois, sont détruites et incendiées.
À la faveur du bombardement, les nazis mettent au point une stratégie de terreur qu'ils auront l'occasion de réemployer pendant la Seconde Guerre mondiale, avec par exemple le sinistre sifflement des Stukas en piqué.
L'attaque fait selon les estimations les plus plausibles 800 à 1000 morts (*). Il est possible que le général Franco n'en ait pas été informé au préalable... ce qui ne veut pas dire que, dans le cas contraire, il s'y serait opposé.
Dans un premier temps, le mardi, les nationalistes répandent la rumeur que l'attaque aurait été le fait des républicains eux-mêmes qui auraient dynamité la ville. Ils sèment aussi le doute sur le nombre de victimes... Faute d'être crus, ils assurent que le bombardement était un acte de guerre justifié par la présence sur place de troupes et d'usines d'armement. Mais ces dernières n'ont pas été affectées par l'attaque, tout comme d'ailleurs le chêne sacré et le Parlement voisin, ainsi que le fameux pont de Rentería.
Trois jours plus tard, le 29 avril, c'est par ce même pont que les franquistes font leur entrée dans la ville dévastée. Le général Emilio Mola, qui n'a rien d'un tendre, est lui-même choqué par le spectacle de désolation. À l'étranger, les révélations sur le bombardement entraînent beaucoup de démocrates à retirer leur soutien au général Franco et au camp nationaliste...
Indignation picturale
Dans les semaines qui suivent la tragédie de Guernica, alors que l'opinion internationale est encore sous le coup de l'émotion, le gouvernement espagnol (républicain) commande (et paie) à Pablo Ruiz Picasso, peintre espagnol résidant à Paris, une oeuvre destinée à en perpétuer le souvenir.
L'artiste, qui est à cette époque inspiré par le thème de la corrida, compose une toile de proportions grandioses, en noir et blanc, où la souffrance est évoquée par des hommes mais aussi des chevaux et des taureaux déchiquetés et hurlant de douleur. Présentée à l'Exposition internationale des arts et techniques, à Paris, en mai 1937, Guernica est l'oeuvre à la tonalité la plus dramatique de la longue carrière de Picasso.
L'Espagne réconciliée avec elle-même (*) expose aujourd'hui la toile au Musée de la reine Sophie, à Madrid, non loin de la gare d'Atocha... Cette gare a été frappée le 11 mars 2004 victime d'une autre forme de folie liée aux tragédies moyen-orientales.
(*) Au vu des évènements récents et des changements dans la vie politique espagnole , peut-on vraiment dire que l'Espagne soit réconciliée avec elle-même ? De nombreuses avancées ont été faites sur le chemin de la Mémoire Historique , mais il reste encore beaucoup de choses à faire , face aux nouvelles forces au pouvoir pour ne pas laisser l'Histoire être enterrée à jamais ! C'est le rôle des associations pour la mémoire Historique , mais aussi de toutes les forces progressistes en Espagne et ailleurs ! Nous avons chacun notre rôle à jouer , en France comme en Espagne car nous slommes les héritiers de cette II ème République assassinée ! N'oublions pas qu'alors qu'un gouvernement de gauche avait été élu par le peuple , la droite cherchait à imposer sa loi dans la plus stricte illégalité et avec le soutien des forces feascistes d' Europe ! Et elle y est , hélas , parvenue ! On sait avec quels résultats pour le pays .
Ma mère se souvient de son père , de ses oncles obligés de se cacher, de son père et de deux de ses oncles : Arcadio et Cesar qu'elle a vu emmenés , menottés ( son père de taille moyenne entre ses deux beaux-frères et qui paraissait si petit au milieu des deux autres bien plus grands ). C'est une image qui a frappé l'enfant de 4 ans qu'elle était alors et qui ne l'a plus quittée ! Elle se souvient qu'elle allait les voir en prison , les enfants étant ,quelquefois, autorisés à rendre visite à leur parents emprisonnés et cela dépendait uniquement du de l'humeur et du bon vouloir du responsable de la prison qui devait , en accordant cette "faveur" se sentir bien important en imposant son pouvoir à des enfants ! Lorsqu'elle était autorisée à y aller ,ma mère était chargée , par les adultes de sa famille , de remettre des documents à mon grand-père (le plus souvent des lettres portant des nouvelles des camarades de la "guerrilla") . Elle les portait cachés sous ses vêtements et il profitait des embrassades pour les récupérer ! Elle fut sans doute un des plus jeunes "enlaces" (agents de liaison des forces républicaines) !!!Elle s'en souvient encore , plus de soixante quinze ans après, comme si c'était hier !
Elle a aussi quelques bons souvenirs : sa grand-mère qu'elle appelait Madelin ( elle habitait près d'un moulin et c'était la Ma (maman : madre en asturien)del molin transformés par les petits-enfants en un affectueux : Madelin .)
Ce moulin qu'elle rêvait tant de revoir un jour . Nous nous sommes rendues sur son emplacement, mais malheureusement il a disparu il y a déjà quelques années , enseveli sous les décombres de la mine quand celle-ci a été fermée.
Le moulin disparu , il restait il y a quelques années encore , la maison qui a , hélas , elle aussi disparu !
A cette époque , les hommes étant obligés de s'absenter pour se cacher , les femmes et les enfants de la famille s'étaient trouvés réunis dans ce fameux Moulin (resté si cher à son coeur) , la demeure des grands-parents. Et de cette période-là elle garde aussi le douloureux souvenir des nuits d'angoisse , où , régulièrement et souvent plusieurs fois dans la nuit , ils étaient réveillés par des coups de crosse de fusil rappés contre la porte et par les gardes civils qui les aiaient sortir tous et fouillaient la maison de fond en comble afin de trouver quelque trace des hommes de la famille . Elle se souvient de son arrière-grand-mère paternelle, institutrice (morte à 101 ans) qui avait grandement participé à l'éducation de mon grand-père , qui avait été pour lui comme une seconde mère et dont il lui parlait souvent .
Ma mère n'était qu'une enfant et même si elle a été très vite confrontée au malheur , elle garde quelques souvenirs heureux , comme seuls les enfants peuvent en garder . Des souvenirs douloureux , mais aussi de bons souvenirs , des moments heureux passés en famille , sans doute si précieux parce qu'ils sont rares ! Parce qu'elle était enfant et que ses parents étaient là pour la protéger du mieux qu'ils le pouvaient . Les hommes qui prennent le maquis pour échapper aux phalangistes et autres franquistes ; la Guardia Civil qui essaie de lui faire dire si elle sait où est son papa, où se cachent ses oncles . Mais elle sait déjà , son père lui a expliqué et elle a compris qu'elle ne doit rien dire sur eux pas plus que sur les armes qu'ils cachent , sous peine de représailles ! Et puis la guerre , les bombardements et la fuite obligée pour survivre !
LE DEBUT DE L'EXIL
En 1937 , probablement durant l'été , elle embarque , avec une partie de sa famille , pour un premier exil , à Gijòn ou bien était-ce à Santander ? Les ports de la côte asturienne étaient très surveillés par les forces d'extrème-droite et , si plusieurs bâteaux réussirent à quitter le pays , bien vite il devint impossible d'embarquer à partir des Asturies et les dernières embarcations durent partir d'un peu plus loin , sur la côte basque , de Santander ou des environs. A bord d'un chalutier angalis ou de quelque chose de ressemblant , avec sa mère , ses deux jeunes frères et quelques autres membres de sa famille , elle quitte son pays pour La Rochelle . Les souvenirs sont un peu vagues , elle n'a pas encore 6 ans . Pourtant certaines choses sont restées gravées dans sa mémoire . Elle se souvient de certains détails et notamment que sa mère avait caché une partie de l'argent qu'elle avait pu emporter dans sa poupée qu'elle tenait précieusement serrée contre sa poitrine . Elle se souvient de son oncle Ovidio , qui , à 16 ans , fut considéré comme "un homme " , bon pour aller combattre et que l'on a pas laissé embarquer avec eux . Cela lui a valu 10 ans de service militaire mais l'a probablement sauvé de la déportation et d'une mort presque certaine ! Et l'exil au Vénézuela où il a refait sa vie et om il vit toujours au moment où j'écris . Aujourd'hui , en 2012 , il a 88 ans .
Ma mère quitte donc sa région natale et n'y reviendra pas avqant de très nombreuses années. Elle laisse derrière elle ses souvenirs heureux et les autres ....Mais elle est marquée à jamais ! Jamais elle n'oubliera ! Elle laisse là-bads des membres de sa famille , certains qu'elle ne reverra que bien longtemps après et d'autres qu'elle ne reverra jamais !
Elle et ma grand-mère sont une premièr fois séparées de mon grand-père qui est à cette époque-là , commissaire délégué de guerre de la compagnie d'Infiesto , Asturies , dans l'Armée Républicaine du Nord .
En France , ce premier séjour est de courte durée . On les accueille , on les restaure ( du pain et du chocolat , c'est resté gravé dans sa mémoire ) et on les renvoie en Espagne , directions la Catalogne , dernière poche de résistance républicaine où mon grand-père officie au sein du personnel au sol dans une base de l'aviation républicaine. Sa famille et elle sont hébergées au château de La Roca del Valles , aujourd'hui restauré , à quelques kilomètres de Barcelone. Trèsz à l'écart des localités environnantes , perché au-dessus du village , il était à l'époque très erayant pour ces réfugiés déjà apeurés et ragilisés par cet exil forcé et les conditions très précaires et incertaines dans lesquelles ils se trouvaient .Parmi ces femmes , ces enfants , ces hommes âgés , certains pensaient que leur séjour là-bas serait très provisoire et qu'ils n'en partiraient pas vivants !
Le château de nos jours .
Ce n'est pour eux que le premier exil , car , bien qu'en terre espagnole , il ne sont plus chez eux ils sont déjà déracinés .
Après ma mère , le 20 avril 1935 et le 15 juillet 1936 sont nés ses deux petits frères , Faustino Rafael et Luis Cesar . Ils sont en terre espagnole , certes , mais ils ont le sentiment quelquefois de n'être que des intrus ! Un Ce ne sont encore des bébés et ils contractent la rougeole . En pleine guerre , en terre inconnue , loin de leur région d'origine c'est une période terrible pour la famille : en l'espace de 5 jours , les 2 et 7 novembre 1937, ils meurent tous les deux faute d'avoir pu recevoir les soins nécessaires, à l'hôpital de Berga , à unez centaine de kilomètres de Barcelone . L'aîné avait 2 ans et 4 mois , le plus jeune 16 mois ! ......Ils sont enterrés là-bas , dans le cimetière de Berga , où nous sommes allées nous recueillir en septembre 2010 .
Les "Nichos" où ils furent enterrés : le numéro 216 où était Luis Cesar , nous ne le savons pas avec certitude , mais nous supposons qu'ils devaient reposer ensemble dans la même "niche" .
Et là ce sont les "nichos" où leurs restes furent déposés après un certain nombre d'années, en quelque sorte la fosse commune . Le cimetière de Berga est classé parmi les plus beaux d'Espagne et je dois dire qu'il est en effet superbement entretenu . Une petite consolation pour nous de penser qu'ils reposent tous deux dans un si beau lieu !
Comment imaginer le désarroi et le déchirement de ces jeunes parents de les perdre ainsi et de devoir les abandonner pour fuir à nouveau ? Je pense en particulier à ma grand-mère qui a vécu ce drame d'abord seule , mon grand-père étant sur le front de la guerre , et je comprends mieuc à présent pourquoi elle avait quelquefois un caractère changeant et sans doute un peu dur ! La vie s'est chargée de l'endurcir et je pense que c'est à ce prix-là qu'elle a pu survivre , continuer et mettre plus tard deux autres enfants au monde . La vie n'était pas facile , pourtant il fallait continuer ,laisser derrière soi une grande partie de ce que l'on a de plus cher et se battre , continuer à vivre pour son enfant , pour la famille qui reste , pour la vie tout simplement , peut-être parce que la plupart du temps la vie est plus forte que tout ! Que leur restait-il ? Une fille , un idéal et malgré tout une vie à construire .
Pendant environ un an et demi , ma grand-mère et ma mère ont vécu , avec mes arrière-grands-parents , en Catalogne, à Berga et ensuite à Manresa , non loin de Ripoll où était basé mon grand-père . sans vivre vraiment avec lui , elles n'étaient pas très loin et il pouvait , à distance , veiller sur elles autant qu'il lui était possible et maintenir autant que faire se peut un lien , si ténu soit-il .
BERGA DE NOS JOURS
Avec la chute de Barcelone le 26 Janvier 1939 , il n'était plus possible pour ma famille de rester en Espagne où elle était dès lors en danger de mort. Ce fut donc la fuite vers la France , un nouvel exil pour pouvoir survuvre. La seule solution était pour eux de traverser les Pyrénées à pied ? Les souvenirs les plus vivaces de ma mère sont ceux qui se rapportent à cette traversée.
1936 - 1938
Pendant cette période où une partie de la famille est loin de chez elle , la lutte continue aux Asturies . Les jeunes frères de ma grand-mère combattent eux aussi aux côtés des forces républicaines. En plus de César et Arcadio , deux autres oncles de ma mère ,activement recherchés par les franquistes , sont obligés eux aussi de se cacher . Ils ont 18 et 23 ans lorsque , venus passer la nuit dans la maison familiale , ils sont dénoncés par un voisin qui ne leur voulait pas que du bien .
Appâté par les quelques biens que possédait la famille , il profita , sans doute avec quelques autres , de leur arrestation pour piller la maison et lé bétail qui assurait la subsistance de ceux qui étaient restés au pays !
Incarcérés à la prison d'Oviedo , Manolin et Silvino vont subir les pires tortures , les pires châtiments pendant presque deux ans ! Ma mère se souvient d'avoir entendu raconter que lorsque sa grand-mère récupérait leur linge pour le laver , elle trouvait à l'intérieur des lambeaux de leur peau arrachés à force de coups assénés lors des séances de torture . On cherchait en particuler à leur faire dire où étaient leurs deux frères aînés qui avaient pris le maquis et dont ils n'avaient en fait aucune nouvelle.
Presque deux ans de torture et de privations ! Puis une parodie de conseil de guerre et la sentence qui tombe : LA MORT !
Ce n'étaient que deux jeunes hommes qui avaient à peine eu le temps de vivre , ils n'avaient pas eu le temps de profiter de grand chose et déjà , considérés comme des criminels pour avoir voulu défendre leurs valeurs républicaines , on décidait qu'ils n'avaient plus le droit de vivre !
extrait du jugement découlant du "Conseil de Guerre"
La prison avant rénovation .
La prison comme elle est aujourd'hui .
On peut imaginer quel dut être leur état d'esprit pendant ces longs mois , où sans aucune illusion sur le sort qui leur était réservé , ils attendirent la mort dans les pires souffrances physiques et morales ! Silvino, à peine âgé de 18 ans lors de son arrestation tremblaitt de peur ! Il ne comprenait sans doute pas ce qu'il avait pu faire de si terrible pour à peine sorti de l'adolescence, mériter la mort ! On nous a rapporté qu'il pleurait souvent , terrorisé à l'idée de ce qui l'attendait !
Combien de jeunes comme lui ont-ils payé de leur vie leur combat pour une vie plus juste ? Des milliers , sans aucun doute , certains comme lui et son frère , recensés mais combien d'autres dont on ne connaitra jamais où ni comment ils ont disparus et où ils sont enterrés ! Quel désespoir pour les familles de ne pas pouvoir au moins faire leur deuil et se recueillir sur leur tombe !
Nous avons eu (oserais-je dire cette chance ?) de pouvoir nous recueillir sur le lieu où ils reposent tous deux au milieu de milliers de camarades tombés comme eux sous les balles de leurs tortionnaires ! Ils reposent à Oviedo , dans le cimetière , là où se trouve la "fosa comun de Oviedo " .